Texte de Miguel Piccand, Photo de couverture: Andrea Branca & Philipp Hegglin
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Alors que deux des quatre manches de quarts de finale sont déjà connues, je m'amuse avant le début des quarts de finale à distinguer les atouts et faiblesses de chacun et à imaginer ce que pourrait donner ces séries. Puisque les play-in sont en cours et qu'autant Lausanne et Zurich devront encore patienter avant de connaître leur futur adversaire (non, je n'ai pas écrit victime, on a vraiment tout vu en séries), concentrons-nous d’abord sur l’affiche connue entre Berne et Fribourg. Un derby des Zähringen où on se demande ce qu’il va bien pouvoir se passer.
La série rêvée par tout le monde dans ces deux villes! Les Ours ont paru avoir de solides attributs durant toute la saison malgré quelques discussions contractuelles qui, on le pensait, allaient les affecter : le départ d’Austin Czarnik et de Patrik Nemeth, des rumeurs intenses circulant autour de Romain Loeffel pourtant meilleur défenseur offensif suisse du championnat, la situation Dominik Kahun et d’autres. Les Dragons sont eux passés par tous les états d'âme après une entame de championnat catastrophique, des réunions de crise, le licenciement de Patrick Emond, la victoire à la Coupe Spengler avec une cohorte fribourgeoise plus présente que jamais et la qualification pour le Top 6.
Photo: FRI vs. SCB
Photo credits: Adrien Perritaz
Petite question du côté de la capitale pour savoir si Philip Wüthrich griffera la glace durant ce quart de finale ou non. Le Suédois Adam Reideborn est sans doute un meilleur gardien mais le fait est que Jussi Tapola possède 6 étrangers joueurs de champ qui devraient d'un point de vue qualitatif tous jouer: Lukas Klok, Patrik Nemeth, Miro Aaltonen, le meilleur compteur de la saison Austin Czarnik, Waltteri Merelä et Victor Ejdsell. Un 7e étranger joueur de champ est même disponible avec le défenseur suédois Hardy Häman Aktell. Sur cette base, on se dit qu'à part si Reideborn fait vraiment un début de série de folie, Wüthrich pourrait griffer la glace.
Alors que Wüthrich n'a joué que 13 matchs de play-off dans l’élite, Reideborn est un cerbère habitué au succès en play-off avec 2 coupes Gagarin mais une seule où il avait joué la majorité des matchs. En Suède, avec Djurgardens et MODO, il avait cependant connu un succès mitigé. On ne parle pas des play-off en National League en mars dernier où il avait été catastrophique avec 85,6% d’arrêts sur 5 matchs (Berne avait perdu le quart 4-3 contre Zoug). Point noir: les deux gardiens bernois ont été en dessous des attentes cette saison avec respectivement 90,9% d’arrêts (Reideborn) et 90,5% (Wüthrich). Mais, vous le savez, les play-off c’est une nouvelle saison qui commence.
Du côté fribourgeois, Reto Berra semble - enfin - être sur la pente descendante. Assez décevant durant une bonne partie de la saison (90,7% d'arrêts en moyenne), le géant zurichois peut encore connaître des soirées absolument fantastiques comme lors de la victoire récente 0:2 du côté de Lausanne, acquise le 27 février dernier. Cependant, il n'a que rarement été irréprochable en séries depuis qu'il est à Fribourg. Le back-up Loic Galley semble lui trop inexpérimenté pour jouer.
Photo: Adam Reideborn
Photo credits: Samuele Bassi
Tendance: C'est très serré et je pense que de donner un match nul paraît être assez juste. Je n'arrive pas à me positionner entre le monument Berra, le succès de Reideborn en play-off et le fait que Berne possède deux gardiens qui peuvent sauter sur la glace et ainsi peuvent faire varier les tactiques. Les statistiques de buts encaissés en comparaison avec les buts encaissés escomptés (expected goals against, statistique proposée par NLIcedata) ne nous offrent pas vraiment plus d’indices même si elles sont à l’avantage de Berne (Tableau 1). C’est officiel : égalité.
«Expected goals against» vs. buts reçus par 60’ de jeu | Adam Reideborn | Philip Wüthrich | Reto Berra |
+ 0.04 | - 0,09 | - 0,12 |
Tableau: Buts qui «auraient dû» être encaissés en comparaison avec les buts encaissés
En défense, Berne est une des rares équipes (avec Davos et... Fribourg) qui peut se targuer d'avoir 2 défenseurs suisses sur leurs jeux de puissance. Mais Romain Loeffel - Ramon Untersander (éventuellement Joël Vermin), c'est sans doute plus solide que Calle Andersson - Michael Fora et aussi plus solide que Yannick Rathgeb - Raphael Diaz. Du côté des étrangers, le club de la capitale possède un monstre avec Patrik Nemeth (192 cm, 103 kg) et un «demi-monstre» avec Lukas Klok (185 cm, 88 kg). Les deux sont très solides.
Du côté fribourgeois, le futur retraité Ryan Gunderson est très limité au niveau de son impact physique. Cela s'était déjà vérifié au cours des dernières saisons et notamment en demi-finale l'an passé face au LHC. Aussi talentueux soit-il à la ligne bleue, je me demande si la solution n'est pas de l'utiliser uniquement dans certaines situations de jeu. Car Berne va venir fort, très fort. Une solution pourrait être aussi de jeter le très rugueux Andreas Borgman dans la bataille. Même s’il n’a de loin pas été convaincant cette saison on se dit que cette série est peut-être taillée pour lui.
Dans ce secteur de jeu, même si Berne a plus encaissé que Fribourg la saison passée (2,67 buts à 2,46 en moyenne), pour moi c’est un clair avantage bernois pour un jeu de play-off.
Photo: Andreas Borgman
Photo credits: Philipp Hegglin
En attaque, comme au but, cela paraît être un match serré. Fribourg pourra compter sur son très redoutable duo suédois composé de Marcus Sörensen (43 points en 45 matchs) et de Lucas Wallmark (45 en 52). Linden Vey est aussi un joueur talentueux en quête d’un contrat. Jacob de la Rose lui apporte plus offensivement que ce qu’on attendait de lui. Au niveau des Suisses, l’inusable Julien Sprunger est toujours là, Christoph Bertschy monte en puisse depuis quelques semaines (4 buts sur les 3 dernières parties) et le très rapide Sandro Schmid a pris du galon avec les 2 Suédois. On n’ose en revanche plus prononcer le nom de Killian Mottet, laissé durant la globalité de 4 des 5 derniers matchs durant 60 minutes collé au banc.
A Berne, cela se joue aussi principalement avec les étrangers car Austin Czarnik et Waltteri Merelä compensent en quelque sorte Sörensen et Wallmark. Miro Aaltonen compense (sans doute avantageusement) Vey et Victor Ejdsell lui aussi remplace avantageusement de la Rose. Quoique. Au niveau de l’impact physique collectif, de la Rose n’est pas à sous-estimer. Pour les Suisses, les hommes de tête sont Marco Lehmann, un des meilleurs attaquants suisses du championnat, Benjamin Baumgarter. On peut encore mentionner Marc Marchon (12 points sur ses 11 dernières parties) et bien sûr Tristan Scherwey.
Même si c’est serré et qu’il est possible que Berne ne joue qu’avec 3 attaquants étrangers, je donne aussi là un très léger avantage aux Ours.
Photo: Jacob de la Rose
Photo credits: Jey Crunch
Pour toutes ces raisons mentionnées, je partirais avec Berne vainqueur sur cette série. Fribourg a l’obligation de bien commencer la série avec peut-être déjà une victoire à l’extérieur pour espérer passer. La tactique aura bien sûr son rôle aussi là-dedans et on peut supposer que Jussi Tapola – même s’il a un style de coaching plutôt atypique – ne dévoilera pas toutes ses cartes tout de suite à Lars Leuenberger. La BCF Arena, systématiquement comble depuis 2 ans mais parfois trop silencieuse sur certains matchs, doit redevenir l’antre pestée et crainte par beaucoup d’équipes pour que Fribourg puisse y croire.
![]() | Miguel Piccand est un spécialiste travaillant dans le monde du hockey pour divers médias suisses depuis 2016. Il occupe différents rôles: Consultant en direct, Commentateur et Rédacteur.
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