Texte de Miguel Piccand
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Petit retour à la saison précédente sous la houlette de Christian Dubé. Fribourg Gottéron pointe au 1er rang à mi-novembre avec 1 point d’avance sur Zurich. Il est probable que les Dragons «surperforment» un peu avec un PDO (somme du taux d’efficacité offensif et du pourcentage d’arrêts des gardiens) à 105. Vous le savez, la réalité est toute autre aujourd’hui…
12 mois plus tard en effet, le Dragon en chasse depuis le mois de septembre n’a réussi à placer dans sa grotte que 22 points en 19 rencontres, soit une moyenne assez affligeante de 1,16 point par match. C’est presque deux fois moins qu’une année plus tôt (2,10). Le prédateur renommé sans pitié n’arrive plus à faire autant peur à ses adversaire même lorsqu’il évolue chez lui : là où la forteresse du Dragon paraissait presque imprenable l’an passé (meilleure équipe à domicile à la même période), Fribourg n’est que 11e sur 14 sur ce début de saison 2024/25. Finalement, les seuls aspects qui n’ont pas changé ce sont les guichets fermés à chaque match (!) et… l’identité des joueurs. En effet, les deux portiers fribourgeois sont les mêmes, 8 des 9 défenseurs étaient déjà dans l’effectif également, tout comme 13 attaquants et les 6 étrangers avant l’échange Christopher DiDomenico – Jakob Lilja (arrivé en provenance de Léventine) et l’arrivée lundi 11 novembre de Linden Vey. Autrement, et c’est peut-être le plus gros changement, l’entraîneur principal Christian Dubé a été remplacé par son ancien assistant, qui était donc déjà présent une année plus tôt sur le banc fribourgeois, Patrick Emond.
Sur cette base, ça paraît assez peu évident de diagnostiquer le malaise dont souffre le Dragon. Certains suiveurs parlent de différences majeures dans le système prôné par le nouvel entraîneur-chef, mais c’est une affirmation que plusieurs joueurs interrogés (Lucas Wallmark, Benoît Jecker et Killian Mottet) ont réfuté. Ces derniers parlant simplement de quelques «petits ajustements», avec la base du jeu étant plus ou moins la même que sous l’ère Dubé. En observant de plus près les chiffres, on constate qu’à l’inverse de l’époque 2023/24, les hommes d’Emond doivent faire avec un PDO cette fois-ci peu avantageux : la statistique est de 98,7%, ce qui est relativement peu. Alors, le problème est-il au niveau de la chance, des gardiens, de la défense, de l’attaque, ou l’origine de celui-ci est… globale ?
Photo: Logan Romanens
Un point d’analyse qui saute aux yeux en regardant évoluer l’équipe du Directeur Sportif Gerd Zenhäusern, c’est le jeu de puissance qui n’est plus autant fort que sous Dubé avec 14,3% d’efficacité. Une année plus tôt à la même période, ce chiffre était de 22,2%. Ces «stats» peuvent parfois tout et ne rien signifier. Mais Fribourg pouvait tout de même compter sur 6 buts en power-play de plus à la mi-novembre (14 buts inscrits en 2023/24 contre 8 cette année). Ces 6 buts en moins n’expliquent sans doute pas tout. Un autre point compliqué qui aura marqué les plus fidèles suiveurs est la saison en demi-teinte de Reto Berra, qui est ni plus ni moins passé de 93,4% d’arrêts en moyenne à 90,4% cette saison. Mais en regardant de plus près les chiffres à égalité numérique, on identifie plusieurs éléments qui, dominants en 2023/24, ne sont plus du tout assez efficaces cette année. Les voici :
Joueur | Balance des buts de l’équipe en 2023/24 par 60’ de glace du joueur | Balance des buts de l’équipe en 2024/25 par 60’ de glace du joueur | Différence |
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Borgman | Balance : + 1,69 but marqué | Balance : - 1,1 but reçu | 2,79 buts ! |
Diaz | Balance : + 1,59 but marqué | Balance : - 0,98 but reçu | 2,57 buts ! |
Schmid | Balance : + 0,98 but marqué | Balance : - 0,68 but reçu | 1,66 but |
Sörensen | Balance : + 2,00 buts marqués | Balance : - 0,57 but reçu | 2,57 buts ! |
Wallmark | Balance : + 1,93 but marqué | Balance : - 0,58 but reçu | 2,51 buts ! |
Ces chiffres ne doivent évidemment pas être surinterprétés. Mais il n’y a pas besoin de creuser beaucoup plus loin non plus pour identifier le malaise du Dragon. Certaines individualités ne livrent tout simplement pas la marchandise sur ce début de saison et doivent absolument se ressaisir au plus vite. Le Suédois Andreas Borgman et Raphael Diaz évoluent ensemble autant cette saison que lors du dernier exercice. Le cas Sandro Schmid, changé souvent de trio, peut être discuté. Cependant les «stats» présentés par le binôme de leaders Marcus Sörensen – Lucas Wallmark sont difficiles à défendre. Pourtant, la fiche offensive du premier nommé n’est pas mauvaise avec 8 buts et 8 assistances (16 points) en 19 matchs disputés. Ce chiffre de -0,58 but reçu par 60 minutes de glace des Suédois à forces égales signifie donc que leur implication défensive n’est vraiment pas à la hauteur. Et les carences défensives de Sörensen (en particulier) avaient déjà été particulièrement mises en lumière déjà il y a quelques mois, lors de la demi-finale des play-offs 2024 contre le Lausanne Hockey Club.
Cette multitude de facteurs combinée fait passer cet effectif de presque meilleure équipe du championnat en 2023/24 à une des pires cette année. Cependant, tout le monde doit en prendre pour son grade à Fribourg…
Photo de couverture : Reto Turotti
Miguel Piccand est un spécialiste travaillant dans le monde du hockey pour divers médias suisses depuis 2016. Il occupe différents rôles: Consultant en direct, Commentateur et Rédacteur.
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