Le Covid est encore bien présent et menace toujours. Nul ne sait si le championnat ira jusqu’à son terme ou s’il devra être interrompu. Les baisses de revenus anticipées forcent les clubs à négocier des réductions de salaires parfois conséquentes. Cinq, dix, vingt parfois trente pour cent. Mais s’agit-il de réelles baisses ou simplement de salaires différés dans le temps, c’est-à-dire à remettre plus tard lors de jours meilleurs ? Aucune annonce claire à ce sujet, qui reste encore de la sphère privée. Mais on sait que certains joueurs, seuls ou en petits groupes, ont saisi des avocats afin de faire respecter leurs droits.
On vit une situation totalement inédite. Aucun agent suisse n’avait anticipé un tel scénario dans les contrats. Un peu comme les représentants des joueurs de NHL avant les premiers lock-out. Mais face aux menaces d’arrêt des activités dans le futur, les joueurs vedettes pourraient se prémunir contre une perte de salaire conséquente en introduisant la notion de bonis de signature, comme en NHL. Le joueur toucherait par exemple 500’000 francs à la signature du contrat et ensuite, un salaire de 5’000 francs par mois. Son risque ne serait que de 60’000 francs dans le pire des cas. Des « peanuts » comme on dit.
Les clubs n’ayant pas pour habitude de faire des réserves, il faut s’asseoir avec les joueurs pour sauver le business du hockey. Et, afin d’éviter les ruptures de contrat de quelques joueurs mécontents ou voulant profiter de cette brèche pour signer ailleurs, les clubs se sont entendus pour ne pas engager ces derniers pour la saison 2020/21. Un "gentlemen agreement" pour ne pas se tirer dans les pattes comme on dit. Mais les négociations sont reparties de plus belle pour la saison prochaine, voire plus loin. On semble avoir pleinement confiance à un futur vaccin puisque le marché s’emballe déjà.
Lukas Frick voulait sonder le marché avant de renouveler au LHC. Il a vite été convaincu de rester, et sûrement pas pour la jolie vue sur le Léman. Aurélien Marti avait déjà une offre de contrat « éclair » de 4 ans en poche à partir de 2021 avec le club lémanique avant même de commencer sa saison à Lugano. Ce qui n’a évidemment pas plu au sud Tessin et précipité son échange avec Matteo Nodari. Puis la rumeur estivale de l’engagement de Andrea Glauser à la Vaudoise aréna semble être fondée. Non sans grincement de dents outre-Sarine, et spécialement dans l’Emmental.
Dominik Egli, avec ses 36 points la saison dernière, serait très convoité. On articule même des chiffres astronomiques dans les médias: entre 500’000 et 700’000 francs pour un joueur … unidimensionnel. Mais qui donc dévoilent ces montants ? Les agents pour faire monter les enchères ou les clubs moins bien nantis pour dénoncer la surenchère de certains autres ? Nul ne sait vraiment, mais le diable s’en doute un peu.
Le géant droitier d’Ambrì Michael Fora, en fin de contrat lui aussi, intéresse forcément toutes les équipes. Un défenseur plus complet qu’Egli qui peut évoluer dans toutes les situations. Il serait exclu qu’il s’engage avec Lugano pour des raisons évidentes, mais il est à parier qu’il a reçu des offres comparables aux meilleurs défenseurs du pays. C’est la loi du marché, celle de l’offre et de la demande qui favorise toujours les bons joueurs parce qu’ils sont rares et très demandés. C’est justement cette rareté que les clubs voudraient modifier en augmentant le nombre d’étrangers.
On imagine aussi que Santeri Alatalo aura une grande valeur. Pilier de l’arrière-garde zougoise depuis 2013, il sera peut-être tenté par un changement d’air qui pourrait s’avérer lucratif pour lui. Le seul souci dans son cas, c’est qu’il est étranger à licence suisse. Il pourrait donc compter comme joueur étranger dans l’avenir si les règles changeaient à cet égard, ce qui semble être la volonté de plusieurs clubs actuellement même si je n’y vois aucun intérêt, sinon celui de pénaliser les clubs situés proches de nos frontières.
Puis il y a l’actuel meilleur marqueur du championnat avec 7 points en 3 matches. Il s’appelle Janis Jérôme Moser au cas où vous ne le connaissiez pas. Il joue avec le HC Bienne et il affiche déjà 100 matches d’expérience à seulement 20 ans. Le garçon avait accumulé 2 buts et 17 mentions d'assistance dans ses 97 premiers matches en National League. La pause Covid aurait fait de lui un défenseur avec des qualités offensives selon des observateurs bien avisés. Il est même aligné en supériorité numérique et joue plus de 21 minutes par matches, un sommet à Bienne. Le jeune homme affirme vouloir rester dans son club d’origine encore quelques années et il a sûrement raison. Mais que vaudrait-il vraiment sur le marché ?
Chez les joueurs d’avant, Jason Fuchs sera libre en fin de saison. À 25 ans, il se trouve probablement à l’aube de ses meilleures saisons. Utilisé souvent à l’aile, il a pu se concentrer sur son côté offensif et il a accumulé 18 mentions d'assistance en power play, un sommet dans la ligue en 19/20. Bienne aurait déjà renoncé à rentrer dans la danse pour le garder tellement son prix flamberait. Les rumeurs vont bon train en ce qui le concerne. Mais reste à savoir quel est vraiment le prix du marché pour le fils de Régis en ces temps plus incertains. « Timing is everything » comme on dit.
Fribourg a un dossier chaud entre les mains. Celui du jeune Sandro Schmid, qui s’affirme de plus en plus. Preuve que bien entouré, les jeunes peuvent performer. Son clan affirme ne pas être pressé à négocier et Gottéron veut traiter ce dossier en priorité. Dans ce contexte, si Christian Dubé continue à l’aligner au centre avec Chris DiDomenico et Yannick Herren et à le mettre en valeur, il se tire peut-être une balle dans le pied. Il vend certes l’idée au « Kid » qu’il aura des responsabilités et beaucoup de temps de glace à Fribourg. Mais sa valeur aux enchères va monter inexorablement. C’est là où la double casquette de coach et directeur sportif entre en jeu. Diabolique vous pensez ? Juste un peu …
Bonne semaine à tous
Stéphane