Nous vivons une grande période d’incertitude dans nos vies quotidiennes. Les exemples ne manquent pas : crise climatique, problèmes économiques, incertitude liée aux élections de la plus grande démocratie du monde, marchés boursiers déconnectés de la réalité. Il y a aussi la pandémie, encore et toujours, sans fin. Au point que notre monde actuel répond désormais au célèbre dicton : « la seule chose qui est sûre, c’est qu’il n’y a rien de certain ».
Tous ces sujets sont beaucoup trop sérieux, voire angoissants. La reprise du hockey est donc une véritable bouffée d’oxygène pour les amateurs. Des émotions positives, enfin ! Quel plaisir d’entendre à nouveau les « on a gagné » et les « ils ont perdu » qui nous ont tant manqué ces derniers mois.
Le début de saison s’accompagne aussi d’un grand classique médiatique : celui des pronostics. Les plus courageux osent se lancer, prendre le risque de se tromper et être la cible de moqueries. Les plus frileux attendent quelques temps pour nous sortir leur « je savais que ça allait arriver », et autre « c’était évident » en fin de saison. Nous retrouvons aussi les pronostics des véritables fans qui voient souvent leur équipe bien meilleure que la saison précédente.
Mais ce début de saison particulier après une pause forcée me rappellent que les clichés sont nombreux, notamment autour de nos clubs romands. J’ai donc décidé de les partager avec vous à l’occasion de cette première chronique hebdomadaire de la saison. Ce sont bel et bien des clichés, des a priori entendus ici et là travers toute la Suisse, de l’intérieur comme de l’extérieur. Il ne s’agit pas de mon opinion personnelle.
Fribourg est avant tout un club de cœur soutenu par tout un canton, où le hockey est roi. On dit que Gottéron jonglent très mal avec les hauts et les bas. On est souvent dans l’excès. Les joueurs passent de héros à zéro rapidement, ce qui est difficile pour eux. Puis, comme chaque année, l’équipe est annoncée bien meilleure que la saison précédente. La pression est grande car les fans y croient… mais seulement jusqu’à la première phase difficile de la saison ! Les plus grands détracteurs de Fribourg disent, ironiquement, qu’ils ne seront jamais champions, qu’ils ne savent pas gagner. Méchantes langues.
Dans le milieu, on dit qu’ils jouent les riches, qu’ils cassent le marché et font de la surenchère. Le modèle d’affaire de Lausanne dérange, surtout outre-Sarine. « Le LHC, c’est le Dallas du hockey suisse », rien de moins! Changements de propriétaires ou autres histoires sulfureuses, c’est toujours spécial à Lausanne. Certains se réjouissent quand ça tourne mal pour le LHC, parce qu’on les aime ou on les déteste, sans juste milieu. Mais on reconnait volontiers que Lausanne est une ville de hockey et que son retour en National League a été salutaire pour le hockey suisse, surtout en Romandie. Mais c’était au détriment de la Swiss League, orphelin de son ennemi commun qui remplissait les patinoires sur son passage.
On dit que Bienne fait tout avec rien, qu’il fait preuve d’une grande sagesse, de clairvoyance même. On se targue de signer des joueurs à faible coût, puisqu’on vient à Bienne pour le projet, pas pour l’argent. Au HCB, c’est connu, on ne se la pète pas. On sait rester humble. On passe à travers les moments difficiles sans jamais paniquer d’ailleurs ; c’est la force tranquille du hockey suisse. La communication du club est d’ailleurs bien orientée en ce sens. On ne critique pas le club à Bienne, on le supporte. Le meilleur des mondes quoi.
On dit que Genève, c’est la France. On déteste s’y rendre : trop loin, trop de trafic, surtout en semaine. Et c’est difficile d’aller jouer là-bas. Jusqu’à maintenant, c’était le « Chris McSorley’s Bad Boys Hockey Club ». Servette est toujours dans les mauvais papiers du juge unique, voire l’ennemi des dirigeants de la ligue. La théorie du complot anti-Romand, anti-Genevois, va bon train à chaque saison. En plus, le club est un véritable « faiseurs d’étrangers à licences suisses ». Le GSHC est probablement la seule équipe de National League où le dialecte suisse-allemand n’est pas courant. On y parle français ou anglais à Genf-Servette.
Qui aime bien châtie bien, non ?
Bonne saison et à la semaine prochaine
Stéphane