Signé Stéphane – Pas de miracle

On peut retourner ça dans tous les sens. Mais au hockey, si ton gardien arrête les rondelles et que tes joueurs savent marquer des buts, tu gagnes des matches. Il n’y a pas de miracle, même s’il y a parfois des surprises.   

De nos jours, il existe une panoplie de statistiques qui vous renseignent sur les tendances des équipes et des joueurs. C’est le fameux « pourquoi du comment », ou l’inverse, suivant par quel bout vous empoignez le truc. Des données qui pourraient même, au besoin, être compilées en fonction des lunes ascendantes et décroissantes. Il n’y a pas de limite.

Après le score, les statistiques les plus parlantes sont le pourcentage d’arrêts des gardiens et le taux de réussites devant la cage adverse. En additionnant les deux, cela vous donne le PDO, aussi appelé « puck luck » ou « facteur chance ». Même si cela relève clairement plus du talent que de la chance sur le long terme. Sinon on ne s’arracherait pas les meilleurs joueurs sur le mercato chaque année.

Il n’est d’ailleurs pas étonnant de constater que les deux équipes ayant affiché le plus haut PDO en 20/21 étaient les deux finalistes. Car si les Zougois ont survolé la saison régulière avec le meilleur taux de réussite en attaque (10.6%) et le taux d’arrêt le plus élevé (92.7%), ce sont les Servettiens qui ont affolé les chiffres en série grâce à un pourcentage d’arrêt de 95,4%. Merci Manzato…

Tel gardien, telle équipe

La saison actuelle ne fait pas exception. Car en dressant le classement en fonction du PDO, on retrouve les cinq équipes qui survolent le championnat parmi les six premiers avec d’excellents pourcentages d’arrêts à la clé. Le Davosien Sandro Aeschlimann affiche d’ailleurs une sensationnelle moyenne de buts alloués par match de 1,57 et un pourcentage d’arrêts de 94.85%.

Signé Stéphane – Pas de miracle

Le portier de confiance de Christian Wohlwend est cependant talonné par Genoni, Nyffeler, Berra et Van Pottelberghe. Tous les gardiens numéro un des équipes qui cartonnent cette saison. De quoi rappeler le célèbre adage : « Dis-moi comment va ton meilleur gardien et je te dirai comment va ton équipe ».

Certains utilisent même le sobriquet de « monsieur 50% » pour qualifier le dernier rempart au hockey. Un pourcentage qui correspond à la valeur estimée de leur apport dans les succès d’une équipe. On ne compte d’ailleurs plus les entraineurs qui ont perdu (ou sauvé) leur job en raison de la performance de leurs gardiens.

Limogé récemment, Patrick Emond pourrait sûrement débattre sur le sujet, lui qui n’a jamais profité d’apport externe comme celui de Sandro Zurkirchen au moment où Stéphane Charlin était encore apte à remplacer Gauthier Descloux. Un gardien de nouveau blessé qui a connu ses meilleurs moments en carrière lors d’une saison ponctuée de pauses en raison du Covid. De quoi s’interpeller sur ses capacités à tenir un championnat complet comme numéro un.

L’apport de l’attaque

Là encore les chiffres ne mentent pas puisque les cinq clubs qui dominent le championnat se classent dans les sept équipes affichant le meilleur taux de réussites. Et c’est surtout Langnau qui fait office d’exception avec un énorme 10.24%. Un phénomène qui trouve son explication dans le fait que les étrangers emmentalois cartonnent, mais qui prouvent aussi que la puissance en attaque ne suffit pas pour avoir du succès.   

Il est également intéressant de constater que les cinq ténors ne sont pas ceux qui tirent le plus au but à forces égales. La palme revient en effet à Zurich, Lugano, Ambrì et Lausanne. Des clubs qui peuvent toujours s’appuyer sur le « CORSI For/60 » (total des rondelles dirigées vers la cage adverse par 60 minutes de jeu) pour se rassurer sur leur capacité à générer de l’attaque. Une mince consolation.

On remarque aussi que, bizarrement, ce genre de statistiques « détaillées » est souvent mis en avant par les coaches lorsque les résultats sont mitigés. Sous-entendu, « on mérite mieux, regardez les statistiques ». Le type d’arguments qu’on a pu lire et entendre à maintes reprises pour décharger les Fribourgeois après leur cuisant échec face à Genève au printemps dernier, par exemple.

Peuvent-ils maintenir le rythme ?

S’ils semblent presque tous assurés de terminer dans le top six, la question est de savoir si Fribourg, Zoug, Davos, Bienne et surtout Rapperswil réussiront à maintenir le cap actuel pour atteindre la barre symbolique des 100 points. Un exploit réalisé à seulement six reprises en dix ans par Berne (3x), Zurich (2x) et Zoug (1x).

Pour y arriver, ces équipes de tête ne doivent pas compter sur la collaboration des clubs engagés dans la course à la 6e place. Encore moins sur celle des équipes dans la course pour éviter la terrible 11e position au classement. Car la pression sur ces clubs sera énorme.

Je parierais une piécette sur Zurich pour obtenir la dernière place disponible pour les playoffs. Et sur Ambrì pour rater les pré-playoffs par un fil. On retrouverait ainsi les clubs les moins bien nantis financièrement en queue de peloton, une fois plus.

Il n’y a pas de miracle.

Bonne semaine à tous !
Stéphane