Texte de Miguel Piccand, Photo de couverture: Logan Romanens / Berend Stettler
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Mes pronostics en début de playoffs projetaient une finale avec Lausanne face aux Zurich Lions... Une possibilité de revanche donc pour le LHC par rapport aux playoffs 2024. Cette affiche va avoir lieu et débute ce mardi. Zurich paraît terriblement fort, mais découvrons ensemble si les chances vaudoises de l'emporter sont aussi faibles que ce que la plupart des suiveurs semblent indiquer.
C'était un score parfait pour ma part pour les pronostics des demi-finales et de la série de promotion-relégation avec des victoires zurichoises, lausannoises et ajoulotes respectivement 4-2, 4-3 et 4-1. Je remonte un peu mes pauvres prédictions des quarts de finale où je n'avais pas vu les exploits fribourgeois (contre Berne) et davosiens (face à Zoug) venir.
J'avoue avoir du mal à poser un pronostic sur cette finale et espère que mon analyse ci-dessous va m'aider à y voir plus clair. Zurich est un immense calibre et paraît être sans grand problème le favori de cette finalissima. Avant les play-off, et même pendant, j'ai cependant toujours répondu à qui m'interrogeait que Lausanne était pour moi la seule équipe cette année à pouvoir rivaliser avec Zurich. Pour le moment, je dois dire que je n'ai encore entendu ou lu personne penser que Lausanne allait remporter cette finale. Zurich s'appuie sur des joueurs suisses explosifs offensivement et qui fonctionnent très bien actuellement: on pense évidemment en premier lieu à Sven Andrighetto, Denis Malgin et Dean Kukan. J'ai déjà discuté des forces des mercenaires de Zurich ici et là, mais je me permets encore une fois de rappeler à quel points leur diversité fait leur force. Derek Grant possède un profil très complet avec des qualités de buteur reconnues et constitue une sorte de joueur hybride entre Juho Lammikko et Jesper Fröden, ce dernier étant lui aussi très efficace offensivement et possédant des statistiques de buteur proches de celle de Grant. En effet, le Canadien a inscrit 51 réussites en 123 matchs depuis son arrivée en Suisse, soit 0,41 but par match, alors que c'est une moyenne de 0,35 pour le Suédois. Grant possède en plus les qualités défensives qu'un Lammikko démontre soir après soir, ce qui le rend spécial. Enfin, le Letton Rudolfs Balcers, amené par l'ancien coach Marc Crawford à Zurich, possède un profil à la "Andrigin" (alliage des noms d'Andrighetto et de Malgin), talentueux et capable d'exploits individuels fantastiques, mais un peu léger dans les bandes.
Photo: Rudolf Balcers
Photo credits: Berend Stettler
Après avoir battu Kloten 4-1 et Davos 4-2, l'équipe de Marco Bayer paraît compliquée à stopper. Mais il est certain qu'une partie de la clé pour Lausanne sera "d'éteindre" la ligne de Malgin et d'Andrighetto. Ce dernier est beaucoup plus influent que Malgin depuis février et a déjà inscrit 19 points dans ces playoffs en 11 parties (14 points pour Malgin). Derek Grant suit au 3e rang des compteurs avec 10 unités en 11 parties et le reste est en dessous. Fröden n'est quant à lui pas un joueur de playoff puisqu'il en est à seulement 11 points en 26 match de séries depuis son arrivée en Suisse (3 buts). Les missions pour le coaching staff lausannois paraissent assez claires: éteindre cette première ligne et ne pas laisser l'excellent Simon Hrubec dans la cage avoir des soirées trop tranquilles. Il l'avait prouvé en playoff la saison passée et encore en finale de CHL cette année, il est vraiment capable de voler des matchs même quand ils se jouent au plus haut niveau. Si Lausanne arrive à accomplir ces deux tâches, tout en gardant sous contrôle également Grant et consorts, ils vont s'offrir une belle chance de l'emporter, c'est pour cette raison que je ne considère pas Zurich comme imbattable.
Lausanne aura contrairement à 12 mois plus tôt l'avantage de la glace et pourra choisir un match sur deux son trio pour affronter la ligne de Malgin et d'Andrighetto. On a vu sur le début de la série (avant la blessure de Wallmark) contre Fribourg-Gottéron que Ward avait décidé d'envoyer le trio à Antti Suomela contre les fers de lance fribourgeois. Je ne suis pas convaincu que ce soit la meilleure tactique. A choisir, j'aurais bien sûr envoyé le trio à Michael Raffl contre les stars zurichoises, mais il n'est plus disponible – comme Tim Bozon, quelles pertes! – pour Lausanne depuis l'acte III face à Fribourg. Est-ce que le trio composé au match 7 contre les Dragons de Ken Jäger au centre, avec Raphael Prassl et Théo Rochette sur les ailes peut les embêter suffisamment? C'est à voir, mais en l'état des lieux ce serait mon choix pour tenter des les canalyser du mieux possible. En observant les points réalisés en playoffs à égalité numérique, là encore Andrighetto est à nouveau largement devant avec 10 coches (5 à Malgin). Voici ci-dessous (Figure 1) la "shot map" de tout ce qui s'est passé au niveau offensif à égalité numérique pour le numéro 10 des Lions depuis le début des séries. En power-play, la place d'Andrighetto (sur le droite de Lehtonen) est évidente et systématique, en revanche on voit que ses 4 réussites à forces égales viennent toujours depuis la droite du gardien, plutôt centré dans l'axe. La défense lausannoise est prévenue.
Figure 1: Chances offensives d'Andrighetto durant ces playoffs à égalité numérique (par NLicedata.com)
Photo: Ken Jäger
Photo credits: Valérie Badan
Les forces offensives principales de Zurich décrites, j'ai l'impression qu'on enterre quand même un peu vite Lausanne dans cette finale. Certes, on serait encore plus positif si on avait la certitude que Raffl et Bozon allaient revenir au jeu. Ils sont des joueurs intenses et qui peuvent vraiment déranger Zurich. Mais n'oublions pas que Lausanne a quand même de la profondeur au niveau des joueurs suisses (que Zurich n'a pas vraiment au niveau offensif outre Malgin, Andrighetto et Vinzenz Rohrer) avec Damien Riat, excellent en demi-finale, Théo Rochette, Ken Jäger ou encore Jason Fuchs. Je rappelais d'ailleurs la belle profondeur suisse du LHC ici ou encore là.
En repartant sur le principe "compartiment par compartiment" qui a toujours été effectué sur ces analyses de série, il me paraît clair que Zurich a un bel avantage au but avec Hrubec. Kevin Pasche n'a pas été exceptionnel en quart de finale, ni en demi-finale, accordant sur certains matchs beaucoup trop de rebonds "évitables". C'est un jeune gardien et c'est évidemment normal, d'autant plus qu'il a été littéralement surutilisé depuis le 5 décembre avec seulement 3 matchs de repos! Lausanne voulait apparemment absolument finir cette saison régulière au premier rang, l'a fait, mais cela a un coût. Pendant ce temps, Zurich se permettait d'aligner plus souvent qu'à son tour la doublure zurichoise Robin Zumbühl, utilisé 11 fois sur la même période! En plus, Lausanne a déjà eu deux séries qui sont allées en 7 pour passer respectivement Langnau et les Fribourgeois.
En défense, le match est très serré, tout comme en attaque de mon point de vue où j'ai des difficultés à identifier un clair favori. Je le répète, la clé pour Lausanne est vraiment de maintenir au calme ce premier trio zurichois et de déranger le plus possible Hrubec. Est-ce que ce sera suffisant? Difficile à dire. Si Lausanne disposait de tous ses hommes avec certitude (Raffl et Bozon inclus), j'aurais probablement misé un 4-3 pour Lausanne. Comme ce n'est pas le cas, ou alors que ces hommes joueront (s'ils jouent) de toute façon diminués, je vais plutôt partir avec un 3-4 Zurich. Dans tous les cas, je souhaite une très belle finale à tout le monde!
Photo:Tim Bozon
Photo credits: Ivan Sokolov
